En 2013, un projet immobilier dédié à la classe moyenne a été mis en place par le gouvernement. Ce programme résidentiel a pris en compte toutes les spécificités de cette catégorie sociale pour lui offrir un produit adapté à ses besoins. Malheureusement, le projet peine toujours à voir le jour et la classe moyenne souffre d’un manque de logements qui vont de pair avec sa capacité budgétaire et ses envies.
Qui est la classe moyenne ?
Selon une étude du Haut Commissariat au Plan réalisée en 2009 et actualisée après le recensement de 2014, la classe moyenne représentait plus de 50% de la population en 2007 et près de 60% en 2014. 67,5% de résidents dans les villes font partie de la classe moyenne. Cette dernière est en pleine émergence et effectue des dépenses importantes qui atteignaient en moyenne entre 840 DH et 1 728 DH par mois et par personne en 2014.
Les économistes Marocains ont clairement montré leur désaccord avec la définition avancée par le HCP en 2014, et qui selon ces spécialistes est basée uniquement sur des statistiques. Selon Youssef Saadani, économiste à la CDG, dans son intervention à Média 24 dans son numéro paru le 27 juin 2018, « Une femme de ménage et un jardinier peuvent selon l’étude de l’HCP former un foyer appartenant à la classe moyenne, ce qui serait un non-sens au vu des conditions de CSP requis pour cette population. » La définition qui semble plus juste toujours selon cet économiste se base sur les dépenses d’un foyer en moyenne, notamment les traites en cas de crédits, le logement, le transport ou la voiture, les frais de scolarité des enfants ainsi que les autres charges mensuelles. De ce fait, le revenu d’un foyer de la classe moyenne doit varier entre 10 000 Dh et 40 000 Dh. Si l’on se base sur ces chiffre « seul 10% de la population ferait partie de la classe moyenne », selon Youssef Saadani.
Le Centre d’Etudes Sociales, Economiques et Managériales (CESEM) avait sortie une étude qui définit autrement la classe moyenne. Selon cet organisme dépendant de la direction Recherche et Publications de l’HEM, la société Marocaine comprend aujourd’hui 4 classes moyennes, en se basant que le revenu mensuel par foyer.
La classe moyenne D | Entre 11 110 DH et 14 450 DH |
La classe moyenne C | Entre 14 450 DH et 16 650 DH |
La classe moyenne B | Entre 16 650 DH et 20 000 DH |
La classe moyenne A | Entre 20 000 DH et 25 000 DH |
Cette polémique sur la définition de la classe moyenne n’est pas propre au Maroc. En effet, plusieurs pays développés et en voie de développement ont du mal à mettre en place une explication adéquate.
Des projets immobiliers non adaptés à la classe moyenne
Aujourd’hui la classe moyenne a du mal à trouver un logement adéquat qui répond à ses envies. Les professionnels de l’immobilier commercialisent des produits qui sont loin d’être adaptés aux besoins de cette catégorie. Une inadéquation entre l’offre et la demande est présente actuellement dans le marché immobilier. L’offre foncière est de plus en plus importante mais ne répond pas aux critères de la classe moyenne qui est en pleine émergence. Résultat : Les promoteurs se retrouvent avec un taux important d’invendus, surtout en ce qui concerne les villas et les projets résidentiels de haut standing.
Le projet lancé par le gouvernement en 2013 envisageait de construire des immeubles pour la classe moyenne. La superficie des appartements devaient varier entre 80 et 150 m² pour un prix ne dépassant pas 7 200 Dh pour le mètre carré. C’est dans ce cadre qu’une convention a été signée entre le gouvernement et la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI).
Les professionnels de l’immobilier ne manquent pas de rappeler à chaque fois la difficulté de proposer des biens à moins de 7 000 DH/m², surtout à Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger. Proposer des projets résidentiels dans cet axe urbain répondant aux critères de la classe moyenne et à des prix abordables relève du parcours du combattant. C’est pour cette raison que la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers lance un appel aux différents acteurs du secteur immobilier pour mettre en place des propositions bien étudiées afin de pallier à ce problème.
Le logement social à la rescousse de la classe moyenne
Face aux prix élevés du logement de haut standing, certaines personnes issues de la classe moyenne recourent à l’habitat social. Plusieurs acheteurs investissent dans deux appartements économiques et réaménagent leur bien à leur goût. Le coût total de cette opération ne dépasse généralement pas 650 000 dirhams. A ce prix, cette frange de la société ne peut malheureusement pas acquérir un bien de moyen standing qui répond à ses envies.
La Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers a elle aussi recouru à l’habitat social puisqu’aucune visibilité n’est disponible pour l’instant concernant l’après 2020 du logement social. L’organisme a mis en place plusieurs plans d’action dans le but de faire en sorte que les projets économiques soient assez attrayants pour d’autres classes sociales. L’idée est de proposer des appartements de moins de 80 m² à 5 000 DH le mètre carré. La FNPI s’engage même à signer une convention avec l’Etat dans ce sens puisque selon l’organisme, une solution immédiate est nécessaire, surtout que « le besoin annuel va monter crescendo à quelque 800.000 unités à l’horizon de 2025 ».
Le marché immobilier souffre toujours des séquelles de la crise qui touchent tous les standings confondus. Selon Bank Al-Maghrib, l’indice des Prix des Actifs Immobiliers (IPAI) a enregistré une baisse de 0,3% en glissement trimestriel et de 0,7% en glissement annuel, durant le troisième trimestre de 2018. Les ménages ont toujours du mal à investir dans des biens immobiliers malgré les offres de crédits attrayantes proposées sur le marché.
Hajar Khalil