Immobilier– Malgré le pessimisme ambiant dans le secteur immobilier, certains spécialistes sont confiants par rapport à l’année 2017. A en croire leurs explications, ce sera le moment où jamais pour acheter son logement. L’amélioration du financement et la baisse des taux sont les principaux facteurs encourageants, explique El Kettani Mohamed Iqbal, Directeur délégué de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI).
- Selon vous, quelles sont les raisons de la crise immobilière au Maroc? Et depuis combien de temps dure-t-elle exactement?
Personnellement, je prends cette question de crise avec des pincettes parce qu’on n’est pas dans la même conception de crise comme c’est le cas en l’Europe par exemple, où on s’est retrouvé avec une production de plus de 1 million de logements qui n’avaient pas preneurs. La situation au Maroc est complètement différente dans la mesure où il est vrai qu’un travail remarquable a été réalisé ces dernières années pour ramener le déficit en 2000, de 1.200.000 à un million, puis à 800.000 pour arriver aujourd’hui à parler de moins de 500.000 unités de déficit.
Ajouter à cela la baisse de l’accompagnement du financement, surtout pour les acquéreurs du logement social et ceux de la classe moyenne. Ce sont là les raisons de la conjoncture difficile que connaît le secteur de l’immobilier.
Aujourd’hui, je pense que 2017 pourrait être meilleure que les dernières années dans la mesure où sur certains chiffres, on a une amélioration du financement bancaire, une baisse des taux ainsi que l’amélioration de la consommation du ciment. In fine, les choses devraient aller mieux si on continue d’améliorer l’accès au logement. De plus, on assiste à l’élargissement de l’offre financière avec le nouveau mécanisme des banques participatives, qui va permettre à plus de catégories d’accéder au financement.
- Comment les plans d’aménagement urbains et les normes urbanistiques interviennent-ils dans la conjoncture immobilière? Selon vous, est-ce qu’ils améliorent la situation ou pas?
Les documents et les normes d’urbanisme sont liés aux spécificités de chaque ville. Il y a des villes qui disposent de 100% de couverture et d’autres qui ne disposent d’aucune. Ces documents permettent d’avoir de la visibilité sur les besoins en investissements et sur la demande en logement.
Par ailleurs, pour la réussite du produit pour la classe moyenne par exemple, il est très important que les normes d’urbanisme prévoient la verticalité en raison de la cherté du foncier. En effet, la classe moyenne a besoin d’être le plus proche possible du centre-ville, à savoir les écoles, les hôpitaux et les lieux de travail. Bien évidemment, plus on se rapproche de cette zone, plus le foncier est cher. La raison pour laquelle il est important les faire bénéficier de cette notion de verticalité afin de leur permettre d’accéder au logement dans le cadre du produit qui est défini par loi de finances de 2013.C’était d’ailleurs, l’une des demandes de la Fédération.
Malheureusement, les plans d’aménagement ne tiennent pas compte de cette donnée importante pour ce produit à 6.000 Hors Taxe (HT), qui est très attendu par cette tranche. On parle effectivement aujourd’hui d’un besoin de 20.000 unités annuelles à produire.
- Comment la lenteur des procédures et de traitement des dossiers intervient-elle dans la crise de l’immobilier?
Plus le volet administratif est souple, plus on gagne en termes de délais. Maintenant, les administrations marocaines essaient d’améliorer l’environnement des affaires, surtout dans l’immobilier, et notamment la procédure de dématérialisation qui est en train d’être mise en place au niveau de la Wilaya de Casablanca à travers le guichet unique. Nous avons également travaillé sur un projet de règlement intérieur qui fixe les règles de travail du guichet unique au niveau de Casablanca, et que nous avons soumis au Wali. Ce règlement devrait faciliter les procédures davantage. Et puis, n’oublions pas le règlement de la construction de 2013 qui a pour objectif de faciliter un petit peu les démarches.
Néanmoins du travail reste encore à faire sur l’amélioration des délais d’instruction des dossiers pour les autorisations et l’éclatement des titres fonciers. Il est indéniable que l’efficacité d’un système administratif se mesure aux délais qui sont mis en place. C’est un critère sur lequel se base la banque mondiale pour élaborer son Doing Business. Il joue également un rôle important dans l’amélioration du climat des affaires.
- Selon vous, quelles sont les raisons de la cherté des biens immobiliers?
Le prix du logement social, qui constitue à peu près 70% du marché, est fixé et réglementé. Pour les autres produits, c’est la loi de l’offre et la demande additionnée au foncier. Nous sommes quand même dans un pays où le foncier est très cher, il représente à peu près 70% du coût de la construction d’un logement, ce qui est exorbitant.
Il y a également plusieurs autres facteurs de production qui ont participé à la hausse des prix, comme les matériaux de construction augmentent, la main d’oeuvre ou encore la taxation.
Maintenant, pour résoudre cette problématique, il faudrait identifier et intégrer le foncier public dans le cadre d’opérations de logement pour le vendre à travers des appels à manifestation d’intérêt. Cela pourrait contribuer à l’allègement de la pression sur le foncier. Cette procédure devrait inclure la notion de verticalité, car plus on s’étale à l’horizontal, plus on consomme du foncier.
Propos recueillis par Chaima Ezzahraoui pour Property Finder Morocco
(sarouty.ma)