Maroc. L’encours au financement participatif atteint les 300 milliards $ en 2020

 

 

Après moult efforts d’insertion, esquisses de projet de loi, et séries de débats, les banques participatives ont entamé leurs activités au sein du royaume en juin 2017. Opérationnelles depuis peu, elles attirent de plus en plus de clients, dont des professionnels de divers secteurs économiques clés, à l’instar des OPCI, mais aussi des particuliers.

Quelle est la raison de cet engouement? Sarouty.ma vous rapproche de ces nouveaux produits qui ont débarqué au pays toutes voiles dehors.

Le financement participatif ne date pas d’aujourd’hui. Si le royaume a connu ce type de financement, officiellement en 2017, ses prémices remontent aux années 70 quand la première banque participative fut érigée à Dubaï. De par ses fondements basés sur le principe du partage et l’ouverture à toutes les religions, une myriade de pays ont adhéré à ce type de financement, donnant l’aval aux banques participatives afin d’exercer leurs activités au sein de leurs territoires. Etats Unis, Canada, ainsi que le Royaume Uni comptent parmi les contrées séduites par la rigoureuse éthique du financement participatif. Quant au Maroc, il a fallu attendre la loi bancaire n° 113-12,  datant du 25 juin 2017, pour donner le coup d’envoi officiel des banques participatives pionnières: Bank Assafa, Al Yousr, Dar Ad-damane et Umnia Bank.

Un catalyseur du secteur de l’immobilier

“L’argent ne peut pas produire d’enfants”. Ce principe tiré des enseignements d’Aristote prend tout son sens dans le financement participatif qui se veut un financement éthique et équitable. Basé sur deux principes sine qua non, ce dernier obéit aux axiomes du partage des risques qui implique la banque dans les pertes comme dans les profits, ainsi que du financement d’actifs tangibles licites pour financer responsablement.

Il est donc naturel que le financement participatif ait un véritable impact sur le secteur de l’immobilier qui est imbriqué dans l’économie nationale. “ L’impact du financement participatif sur le secteur immobilier ne peut qu’être positif. La tendance d’achat dans le secteur immobilier va sûrement augmenter, rafraîchissant par conséquent le secteur de l’immobilier”, comme l’explique Othman Benabdallah, directeur commercial chargé des agences immobilières chez Sarouty.ma, en marge de la 10ème édition des matinales de l’immobilier,  appelée “Le financement participatif et ses applications à l’immobilier”.

Plébiscité par les particuliers, ce type de financement répond à un besoin croissant chez les marocains. En effet, ce dernier détient un véritable potentiel entrepreneurial pour les jeunes startups en quête de financement, ainsi que pour les couples à la recherche de moyens pour élire domicile. “ Le secteur immobilier sera forcément boosté par le financement participatif. Une grande tranche de la population refuse le financement conventionnel pour des raisons éthiques. Elle s’adresse donc aux banques participatives pour bénéficier du financement nécessaire afin d’accéder au logement” nous dévoile Abdelaziz El Oudrhiri, responsable Contrôle et Pilotage des Risques pour Umnia Bank.

Étant encore en phase de démarrage, les banques participatives nationales offrent toutefois aux clients désireux d’acquérir un bien immobilier, leur offre “Murabaha Immobilier”, validée par les autorités compétentes. L’assurance Takaful, complétant cette offre, elle, est en voie de développement.

OPCI et financement participatif: Une vision Shariah-Compliant

Par ailleurs, les organismes de Placement Collectif en Immobilier, dits OPCI, ont été introduits récemment au Maroc. Ces véhicules d’investissement réglementés s’intéressent exclusivement aux immeubles destinés à la location. Ils permettent ainsi aux investisseurs institutionnels, ainsi qu’aux épargnants d’accéder à l’immobilier locatif de manière sécurisée, parfaitement transparente, par le biais des tickets d’investissement ajustables, comprenant des sommes modiques, tout comme des montants exorbitants. Marouane Zouhir, responsable du suivi opérationnel et financier du Portefeuille, chez Ajar Invest, filiale du groupe CDG, nous rapproche de ce concept intrinsèquement lié à l’immobilier: “Les OPCI offrent un potentiel énorme pour le produit national. Dans tout investissement, la composante immobilière demeure principale. Les OPCI ouvrent donc le champ aux investisseurs, institutionnels ou épargnants grand public, pour bénéficier de la rentabilité qu’engendre l’immobilier locatif”.

Fraîchement incorporés à la scène immobilière marocaine, les organismes de Placement Collectif Immobilier (OPCI) ont tout pour séduire le grand public et les investisseurs. Outre leur immense potentiel pour le développement et commercialisation du produit national, à savoir les biens immobiliers dédiés à la location, ils sont “Shariah-Compliant”, autrement dit, conformes aux principes dogmatiques de l’Islam. Ainsi, une collaboration entre les OPCI et les banques participatives s’avére fort réalisable. Elle a été en effet fixée par la loi 70-14, publiée au bulletin officiel et qui s’articule autour des modalités de création, gestion et fonctionnement de ces nouveaux organismes, et ce, dès sa parution. Sans oublier que les OPCI offrent aussi des produits de placement que les banques participatives peuvent commercialiser auprès de leurs clients.

Doucement mais sûrement…

S’installant progressivement mais intelligemment, les banques participatives ont de sérieux atouts pour attirer même les plus réticents. Ces dernières viennent à peine de débuter leurs activités, elles sont donc en voie d’auto-financement pour garantir un capital apte à assouvir les demandes de leurs clients. Nul doute qu’une fois un stade de maturité économique acquis, ces banques seront aptes à financer toute sorte d’entreprises, pour peu que le pilier fondamental, à savoir la finalité licite du contrat soit garantie. Quant aux offres proposées par le financement participatif, elles ne cessent de se développer pour inclure davantage de produits, appelés “contrats” dans le jargon du système bancaire participatif. Outre la convention du compte et la Murabaha validées et opérationnelles depuis le lancement de celui-ci, la Ijara Mounathya Bi Tamlik, les Sukuks et bien d’autres formules inédites sont en passe d’être validées.

Il est à savoir que les banques participatives encourent un risque potentiel dans chacune des transactions réalisées. En effet, étant dans le fond du participatif, la banque est sujette aux pertes, comme aux gains. L’assurance Takaful qui se fait attendre devrait remédier en partie à ce souci. Par ailleurs, la loi n° 103-12, étant assez exhaustive, elle prévoit toutes les dispositions fiscales et institutionnelles régissant les transactions susceptibles d’être incorporées au système bancaire participatif. Les banques participatives se veulent donc, contrairement à l’idée préconçue qui leur est attachée, un produit complémentaire aux banques classiques, et non des rivaux.

Le Maroc pourra donc, grâce au financement participatif, attirer des fonds étrangers, notamment du Moyen Orient, où les banques participatives sont une monnaie courante. L’encours du financement participatif à l’échelle mondiale est estimé à 3.000 milliards $, si toutefois le Maroc joue bien ses cartes, il est susceptible d’en rafler un 10% d’ici 2020.

Les banques participatives au Maroc disposaient d’une large popularité auprès de la population, bien avant leur établissement. A l’instar des pays abritant les plus grandes filiales du financement participatif, le royaume a le potentiel requis pour développer ce type de financement et se hisser au rang de la Malaisie ou le Royaume Uni, qui ont relevé le pari du financement participatif avec brio. Comme dit le proverbe, “ A savoir attendre, il y a tout à gagner ”, le Maroc pourrait fort bien se convertir en un leader régional et continental du financement participatif. Histoire à suivre…

 

Amal Abbad