Depuis quelques années, de plus en plus de villes nouvelles voient le jour au Maroc. Ces pôles urbains juxtaposent généralement les agglomérations, telles que Casablanca, Rabat et Marrakech. Ces logements sont très plébiscités par les ménages aux revenus moyens qui souhaitent investir dans un bien loin des offres exorbitantes proposées dans les grandes villes. Le calme de ces banlieues fait également partie des raisons qui attirent les futurs acheteurs.
L’émergence des villes nouvelles
Les villes nouvelles ont été aménagées dans le but de répondre au besoin d’une classe sociale en quête d’un logement adapté à son revenu et à ses besoins. En 2004, le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme lance un programme visant à mettre en place de nouvelles structures urbaines en créant une quinzaine de villes satellites sur une superficie globale de 5 000 ha et ce, à l’horizon de 2020. Les deux acteurs majeurs de cette politique d’urbanisme sont la société CDG Développement et le holding Al Omrane. Ce projet a pour objectif d’accueillir environ un million d’habitants et leur offrir toute l’infrastructure et la desserte nécessaires.
Les premières villes nouvelles à avoir vu le jour sont Tamensourt en 2004, Tamesna en 2005, Lkhyayta en 2007 et Chrafate en 2009. Ces chantiers connaissent tous des difficultés pour attirer les résidents et ce, principalement pour le manque des services de commodité qui est expliqué par plusieurs raisons.
La nécessité d’un plan d’action intersectoriel
Avant d’entamer n’importe quel projet, il est important de cerner toutes les problématiques et d’analyser la viabilité du programme sur le court, le moyen et le long terme. Un chantier d’une grande envergure tel que celui des villes nouvelles nécessite une étude préalable de la part de tous les ministères concernés, en plus du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. En effet, une ville nouvelle est loin d’être une simple cité-dortoir qui abrite seulement des logements. Ces pôles urbains sont censés être des villes à part entière avec tous les équipements nécessaires pour assurer le confort et la sécurité des résidents. Transports publics, centres de santé, écoles, maisons de jeunes et établissements socioculturels doivent également prendre place dans ces villes satellites. Ceci relève donc de la tutelle de plusieurs institutions qui doivent collaborer et établir un plan en bonne et due forme afin de répondre aux besoins de tous les habitants et attirer donc plus d’acheteurs.
L’absence d’une réglementation juridique
Le lancement du projet des villes nouvelles n’est régi par aucun texte juridique ou décret, à l’exception d’une circulaire ministérielle 368, datant du 12 janvier 2005. Ceci a laissé place à une grande ambigüité sur le plan de la gestion des chantiers. Ce n’est qu’en 2012, soit 8 ans après le lancement du programme, que le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme décide de déposer le projet de loi encadrant les villes nouvelles. Cette loi aura pour mission de délimiter les dérogations de chaque intervenant dans ce plan. Parmi ces objectifs également, la mise en place d’un comité interministériel sous l’autorité du chef du gouvernement, afin d’installer tous les équipements de proximité. L’assemblée devra aussi étudier les dossiers des futurs programmes des villes nouvelles afin d’établir un plan logistique et stratégique efficace.
Des partenariats à court et moyen terme
A l’instar des agglomérations, une ville nouvelle a besoin de plusieurs services de gestion tels que l’assainissement, l’éclairage public ainsi que le ramassage et le traitement des ordures. Pour pallier à ces problèmes, des partenariats ont été entamés avec les communes qui abritent ces villes satellites afin de départager la gestion urbaine. Le problème qui se pose est que ces contrats ne couvrent que quelques années seulement. Aucun plan n’est mis en place pour définir les missions à venir.
Tamesna, la nouvelle ville-dortoir
Située à 20 kilomètres seulement de Rabat, Tamesna est une ville satellite qui a été conçue dans le but de désengorger la capitale et offrir plus d’opportunités de logements. Géré par le holding Al Omrane, ce pôle urbain peine à attirer les acquéreurs et ce, pour le manque de l’infrastructure et des services de commodité. Celle qui représentait le rêve de la classe populaire et moyenne représente aujourd’hui pour eux un vrai calvaire puisque plusieurs acheteurs attendent toujours la livraison de leurs logements. Plus de 10 ans après son inauguration, Tamesna n’accueille à ce jour que presque 40 000 habitants. Rappelant que la ville nouvelle compte abriter 250 000 résidents d’ici 2020 sur une superficie de 425 hectares. Elle comprend 50 000 unités, dont 8 300 logements ne dépassant pas 140 000 dirhams ainsi que 1 500 villas économiques et appartements de moyen et haut standing.
Pour tenter de donner à Tamesna un nouveau souffle, des plans de réaménagement ont été lancés durant ces dernières années afin d’améliorer le cadre de vie dans cette ville. Parmi ces projets, la construction d’un complexe culturel ainsi que de deux maisons de jeunes, en plus des établissements d’enseignement, un centre hospitalier et un poste de gendarmerie.
Bouskoura, l’exemple de la ville nouvelle
Occupant une surface de 9 870 hectares, la ville nouvelle de Bouskoura est nichée à une vingtaine de kilomètres de Casablanca. En 1994, ce pôle résidentiel abritait déjà plus de 22 000 habitants et compte accueillir plus de 280 000 personnes d’ici 2030. En effet, Bouskoura est devenue l’échappatoire des Casablancais en quête d’un cadre de vie plus serein, à proximité de la nature et loin de la pollution de la capitale économique. De plus, cette ville satellite offre une infrastructure complète qui épargne le déplacement à ces résidents. Ecoles, clinique et centre de santé, restaurants, practices de golf… Bouskoura comprend tous les services de proximité qui font d’elle un pôle urbain à part entière.
Au fil des années, plusieurs promoteurs immobiliers ont pris d’assaut les différents secteurs de Bouskoura pour construire des logements de toutes sortes. Programmes sociaux et économiques, villas et résidences sécurisées se côtoient dans cette cité.
Plus de dix ans après le lancement du projet des villes nouvelles, ces dernières n’ont toujours pas réussi à concrétiser l’image de pôles urbains autonomes et indépendants. La plupart de ces villes satellites dépendent encore des agglomérations mitoyennes puisque les communes rurales ne disposent pas des moyens suffisants pour la gestion de ces banlieues.
Hajar Khalil