Le Maroc est l’un des pays africains les plus impliqués dans le processus de développement durable. Le Royaume s’est engagé au cours de ces dernières années à préserver l’environnement en mettant en place de nouvelles législations. C’est le cas notamment de la réglementation thermique de construction qui est entrée en vigueur en octobre 2014. Le décret fixe les règles de performance énergétique des bâtiments que les promoteurs doivent suivre et respecter. Il faut dire que l’immobilier est l’un des secteurs les plus énergivores au Maroc. C’est d’ailleurs le 2e consommateur d’énergie au Monde avec un taux de 28 %, juste derrière les moyens de transport. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, il serait possible d’économiser jusqu’à 40% de l’énergie consommée par le secteur du bâtiment. La construction des logements neufs performants est la solution pour atteindre ce résultat.
Répartition de la consommation d’énergie par secteur
D’ici 2020, le Maroc souhaite économiser en première partie entre 12 et 15% d’énergie. Pour cela, le Royaume compte mettre en place des dispositifs visant à limiter la consommation de l’énergie dans les différents secteurs économiques, dont l’immobilier qui utilise 28% de l’énergie totale du pays. Ce taux devrait augmenter encore plus au cours des prochaines années, si aucun dispositif n’est appliqué aujourd’hui pour cadrer la consommation énergétique. L’utilisation frénétique des équipements ménagers et le lancement des nouveaux projets immobiliers sont deux raisons majeurs de l’augmentation de la dépense énergétique.
Répartition de la consommation d’énergie dans un logement selon Plan Bleu 2009
Le programme d’efficacité énergétique mis en place par l’Etat repose en grande partie sur le règlement thermique de construction qui est appliqué aux nouveaux biens résidentiels et tertiaires depuis 2014. Les autres pays de la région du sud de la Méditerranée ont déjà lancé leurs programmes de réglementation thermique. La Tunisie avec sa réglementation thermique obligatoire pour bureaux (2008) et résidentiel (2009), ainsi que la Turquie et sa norme obligatoire d’isolation thermique (2000) sont deux exemples qui ont réussi à appliquer convenablement les réglementations.
Les objectifs du Règlement Thermique de Construction au Maroc (RTCM)
Les équipements des bâtiments consomment un taux très important de l’énergie. Limiter leur consommation et le besoin d’utilisation permettrait donc d’économiser l’énergie. Le but principal du RTCM est d’augmenter les performances thermiques des bâtiments en réduisant la dépense du chauffage et de la climatisation. Les promoteurs immobiliers et les maîtres d’ouvrages doivent utiliser des matériaux ayant une bonne conductivité thermique. Ceci s’applique essentiellement dans les nouvelles constructions. Les anciens bâtiments doivent par contre faire l’objet d’un diagnostic énergétique avant toute rénovation.
Le RTCM couvre aussi bien le bâtiment résidentiel que le tertiaire. Nous citons entre autres, les logements économiques et de standing, les hôtels, les bureaux et les établissements publics. Le règlement s’appliquera par contre qu’aux biens neufs en premier lieu.
Le zonage climatique et le RTCM
L’Agence Nationale pour le Développement des Énergies Renouvelables et de l’Efficacité Énergétique (ADEREE) et la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) ont mis en place un zonage climatique basé sur l’étude des données de près de 40 stations météorologiques pendant une dizaine d’années. Ceci aide à définir les besoins énergétiques des logements et des bâtiments dans chaque ville. Ce découpage a permis de distinguer 6 zones représentées chacune par une ville, à savoir : Agadir, Tanger, Fès, Ifrane, Marrakech et Errachidia. Les caractéristiques thermiques des bâtiments résidentiels dans chaque ville sont fixés par le RTCM selon le principe de zonage climatique.
Le règlement thermique de construction est une solution qui permet aux consommateurs également de réaliser des économies en terme de consommation énergétique. Le propriétaire ou le locataire d’un bien respectant les normes du RTCM aura moins de frais à payer que celui qui occupe un bien “standard”. Selon l’ANDEREE, les économies en chauffage et climatisation peuvent atteindre 25 kWh/m2/an dans la zone d’Agadir et 116 kWh/m2/an dans la zone d’Ifrane.
Gain d’énergie pour le chauffage et la climatisation par zone climatique
5 ans après la sortie en vigueur du RTCM, peu de promoteurs respectent ce dispositif. Ceci est expliqué par le fait que l’application du règlement nécessite des équipements plus sophistiqués et très coûteux. Electroménager, matériaux d’isolation, éclairage, climatisation… Il faut dire que le choix des installations doit être très méticuleux et surtout bien étudié. Toutefois, ceci n’empêche pas quelques promoteurs de lancer des programmes résidentiels écologiques, tels que Bouygues Immobilier qui commercialise “Les Faubourgs d’Anfa”, un projet disposant de plusieurs labels environnementaux.
Hajar Khalil