Banques participatives : Bilan mitigé et nouveautés 2019


Près de 2 ans après leur lancement, les banques participatives ont réussi à s’affirmer dans le marché Marocain. L’institutionnalisation de la finance islamique au Maroc vise principalement à renforcer le paysage bancaire du pays et proposer d’autres moyens de financement destinés à une cible particulière. Retour aujourd’hui sur les principales réalisations de ces banques.

Le début d’une aventure…

Juillet 2017 marque le début d’un nouveau tournant pour le secteur bancaire Marocain. Un comité composé du Wali Abdellatif Jouahri ainsi que des représentants du Ministère chargé des Finances a accordé la licence à 5 établissements bancaires participatives :

– Umnia Bank

– BTI Bank (Bank Al Tamwil wal Inmaa)

– Bank Al Yousr

– Bank Assafa

– Al Akhdar Bank

La comité a également donné son approbation à trois banques pour ouvrir leurs fenêtres participatives, à savoir :

– BMCI Najmah

– Crédit du Maroc – Arreda

– Société Générale – Dar Al-Amane

Le lancement de tous ces établissements a permis entre autres de vulgariser ce nouveau concept et de donner plus de choix aux clients. Pendant le deuxième trimestre de 2018, le Maroc comptait déjà près de 80 agences situées dans ces différentes villes. Aujourd’hui, les banques participatives continuent leur montée en flèche malgré que leur écosystème soit toujours incomplet. Les produits proposés par ces établissements reposent principalement sur la Mourabaha immobilière. Ce mode de financement est le seul à être validé par le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO). Selon les statistiques avancés par Bank Al Maghrib, les financements de la Mourabaha immobilière ont atteint 4 milliards de dirhams à fin 2018.

Le système de la Mourabaha

Le mode de financement proposé actuellement par les banques participative est la Mourabaha. L’établissement bancaire achète le bien pour le revendre ensuite au client avec une marge de bénéfice qui est convenue d’avance entre les deux parties. A l’instar des tous les services des banques participatives, le système de la Mourabaha est validé par le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO). Toutefois, ce mode de financement n’est pas encore couvert, les emprunteurs sont alors contraints de recourir à une assurance standard, en attendant la validation de la version participative qui est “Takaful”.

Takaful pour compléter la Mourabaha

Le mode de financement participatif au Maroc n’est toujours pas complet, puisque les établissements bancaires concernés proposent des services très limités. Comme cité précédemment, les banques participatives attendent toujours la validation du projet de loi relatif à l’assurance Takaful. Présenté, il y’a quelques mois par Mohamed Benchaâboun, le ministre des Finances et de l’Économie, devant la Chambre des représentants. Ce projet permettra non seulement de compléter la Mourabaha immobilière et auto mais aussi de couvrir la carte de paiement et d’autres services personnels et professionnels. Les clauses de Takaful ont été élaborées par la Commission Légale des Finances Participatives et doivent être validées par le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO). L’assurance Takaful sera gérée par une entreprise qui ne peut en aucun cas s’approprier les fonds des adhérents. Les fonds de Takaful seront séparés du gestionnaire et un mandat de gestion doit être mis en place pour garantir les droits de chaque partie.

Les nouveautés des banques participatives

Les banques participatives sont actuellement autorisées à commercialiser 5 produits qui sont : Mourabaha, Salam, Moudaraba, Moucharaka et Ijara. Lors de leur lancement, les établissements participatives proposaient seulement la Mourabaha immobilière et auto.

Moucharaka : Ce produit cible principalement les investisseurs et les entrepreneurs. Il s’agit de l’association de 2 ou plusieurs parties dans le capital d’un projet.

Ijara Mountahia Bi Tamlik : Une sorte de crédit-bail qui consiste à louer un bien pour un usage autorisé par la loi. Le client peut même opter pour l’option d’achat à la fin de la durée du contrat.

Moudaraba : La banque participative finance un projet de A à Z et l’entrepreneur s’occupe de sa gestion. C’est un contrat de partenariat où les bénéfices sont répartis entre les deux parties.

Salam : Un contrat de vente entre la banque et le client avec une livraison ultérieure de la marchandise. Les spécificités du produit et les délais de livraison doivent être mentionnés sur le contrat.

Les banques participatives n’arrivent toujours pas à compléter leur écosystème. Le gage religieux est un ralentisseur majeur qui freine la montée en flèche de ces établissements. En effet, tous les textes relatifs au financement participatif doivent faire l’objet d’une étude méticuleuse de la part du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) qui veille de près au respect des percepts de l’islam. Les offres de crédit immobilier ne sont pas aussi alléchantes que celles proposées par les banques classiques. Il faut savoir que les établissements participatifs n’offrent pas aujourd’hui la possibilité d’un rachat de crédit puisqu’ils ne disposent pas de liquidité suffisante. Les fonds d’investissement sont alors primordiaux pour drainer le flux des ressources et concurrencer les banques classiques.

Hajar Khalil